V.C. Morris, magasin de cadeaux
Introduction
Bien que le magasin VC Morris situé à San Francisco ait été construit en 1949 et que la construction du Musée Guggenheim de New York ait commencé en 1956, on a souvent supposé à tort que le projet du commerce avait été élaboré avant le musée. Cependant, c’est dans le musée, dont les premiers plans remontent à 1943, que Wright a utilisé pour la première fois la rampe intérieure comme élément caractéristique du bâtiment, V.C. Morris étant le premier prototype.
En réalité, ce projet est une rénovation d’un commerce existant. Même si le magasin de cadeaux Morris est moins caractéristique des projets architecturaux de Frank Lloyd Wright, on y retrouve quand même la patte de l’architecte à travers des éléments distincts. Tout d’abord, la ligne de mouvement du rez-de-chaussée au deuxième niveau créé un espace central dégagé et ouvert sur les différents niveaux, ce qui rejoint les habitudes de l’architecte qui avait horreur des espaces cloisonnés par des murs ou des séparations, comme dans ses maisons de la Prairie par exemple.
Puis, au lieu d’installer une vitrine traditionnelle pour la boutique, Wright a décidé de créer une entrée marquante et originale, en optant pour un arc de brique et de verre sur le mur.
Les clients habituels étaient quelque peu préoccupés de voir que le magasin n’avait pas la vitrine donnant sur la rue suite à cette rénovation. Mais l’architecte a justifié son choix en expliquant que ce design n’était pas destiné à promouvoir les articles dans la rue, mais au contraire, de susciter la curiosité des acheteurs et des les attirer à l’intérieur. L’idée était de les faire rentrer dans le tunnel créé par l’arc pour observer les articles exposés sur l’étagère de pierre située sous cet arc et ouvrir la porte ensuite. De manière humoristique, Wright a qualifié cette entrée de « la souricière ». Une fois à l’intérieur, le vendeur accueillait le client en disant : « Entrez, comment puis-je vous aider ? »
Cette structure est reconnue par l’Institut américain des architectes comme l’un des dix-sept bâtiments de Wright qui représentent le mieux sa contribution à la culture américaine, raison pour laquelle sa préservation est considérée comme essentielle.
Le bâtiment est actuellement occupé par la Galerie d’Art Xanadú.
Emplacement
Le magasin de cadeaux V.C. Morris a été construit au 140 Maiden Lane, à San Francisco, près de Union Square, un endroit aujourd’hui connu comme l’une des promenades commerciales les plus élégantes de la ville, mais qui, au moment de sa rénovation, avait mauvaise réputation.
Description
Le magasin de cadeaux V.C. Morris est un volume circulaire caché derrière un mur de briques simple.
L’entrée principale se fait par le biais d’une version modernisée de l’arc roman, dont la courbe se répète dans les détails intérieurs. La grille verticale à gauche de l’arc du tunnel est créée en retirant la partie correspondante de brique, la structure étant recouverte de verre et mise en évidence par des lumières encastrées. Selon Wright, ce type d’entrée attire davantage les passants que lorsqu’on expose la marchandise dans les vitrines donnant sur le trottoir.
À l’intérieur du magasin, Wright a placé une mezzanine circulaire, accessible par une rampe en spirale flottante montante, qui est le nœud autour duquel le reste du magasin et la structure sont développés. Des ouvertures circulaires éclairées percent le mur courbe de la rampe, permettant la visualisation des objets exposés.
Le système de mobilier en bois et en verre est également composé de segments circulaires.
La lumière est fournie par un réseau de globes translucides interconnectés et suspendus au-dessus de l’espace circulaire.
Matériaux
Une fine ligne de panneaux translucides avec un motif géométrique classique chez Wright cache les lumières du mur extérieur.
À l’intérieur, l’espace semble tourner sous la luminosité émise par les bulles de plexiglas blanc, créant un effet opalescent et évoquant la géométrie organique de l’intérieur du bâtiment Johnson Wax.
La brique elle-même, assez courante dans l’architecture de San Francisco, est magnifiquement utilisée et attire silencieusement l’attention au lieu de rivaliser avec les bâtiments environnants de la rue.
La rampe intérieure et le deuxième niveau sont faits de béton armé blanc.