Maison Herbert Jacobs 1
Introduction
À partir de 1932, l’œuvre de Wright change d’orientation. Après le krach boursier de 1929 et la dépression économique qui a suivi, une réévaluation des possibilités et des priorités nationales a eu lieu.
Les propositions de Broadacre (1931-5) et des « maisons usoniennes » montrent la préoccupation de Wright pour la planification décentralisée et pour le logement abordable destiné à la famille moyenne américaine, la « usonian family ». Deux attitudes qui le rapprochent du caractère planificateur de l’administration Roosevelt.
Wright décrit cette maison pour la famille Jacobs dans la revue The Natural House : « Cette maison pour un jeune journaliste, sa femme et leur jeune fille est maintenant construite. Son coût : cinq mille cinq cents dollars, y compris les honoraires de l’architecte, soit cinq cent cinquante dollars. Où se termine le jardin et où commence la maison ? (…) Cette maison usonienne semble aimer l’être humain sur sa propre terre, avec un nouveau sens de l’espace, de la lumière et de la liberté. »
Emplacement
Conçue et construite entre 1936 et 1937, la première maison de Herbert et Katherine Jacobs est située au 441 Toepfer Street à Westmorland, à la frontière ouest de Madison, Wisconsin, aux États-Unis.
Concept
Cette unité de structure, de clôture, d’installations, de forme et d’ornementation dans un seul système constructif, exprimée comme un assemblage, synthétise le modèle de logement principal de Wright, adapté à la grille de Broadacre. La première maison Herbert Jacobs est celle qui réunit de manière plus pure les concepts de l’architecte.
Description
Cinq préoccupations prioritaires accompagnent la conception de cette première maison usonienne et marquent la série qui se poursuivra au-delà de 1945.
- Tout d’abord, la recherche de la continuité spatiale, caractéristique de l’ensemble de l’œuvre de Wright, est intensifiée en éliminant les barrières inutiles. L’architecte utilise un seul type d’ouverture du sol au plafond et prolonge le revêtement intérieur sur les terrasses extérieures abritées par le porte-à-faux du toit.
- Deuxièmement, l’horizontalité, une autre caractéristique des maisons Prairie, est affirmée dans ces maisons de plain-pied où disparaît la base. Le chauffage est intégré dans le sol chauffant, le toit est plat et les murs en planches de bois, composés de trois couches vissées ensemble, définissent un rythme horizontal persistant.
- Le troisième point est le nouveau sens du mur, beaucoup plus proche de ce que l’on peut voir dans l’œuvre de Ludwig Mies van der Rohe, où il se présente comme une clôture opaque en bois-dry wall, ou comme une série de fenêtres répondant à une modulation unique.
- La quatrième caractéristique est la recherche d’une relation intime entre forme et fonction à partir d’une utilisation naturelle des matériaux, d’une intégration du mobilier aux murs, de subtiles variations de hauteur pour permettre l’entrée de la lumière zénithale ou une fusion entre le mur principal et la cheminée.
- Enfin, l’utilisation d’une modélisation stricte avec des proportions ajustées.
Espaces
Implantée sur un terrain d’un acre en forme de L, la maison Herbert Jacobs semble embrasser le terrain, dos au vent froid du nord et protégée de la vue de la rue, s’ouvrant complètement sur le jardin, vers lequel s’ouvrent le salon et les chambres.
Jardin
Le jardin apparaît comme un reflet du plan de la maison, chacune des ailes s’étendant vers l’extérieur avec une pelouse qui se termine par une exèdre végétale encadrant un espace destiné aux plantations de fleurs. À la limite de la parcelle, quatre grands arbres ferment efficacement la composition.
Accès
L’accès double à la maison se fait depuis l’angle extérieur du L, sous le grand porche qui se fond avec le garage ouvert.
Grande aile
La plus grande aile de la maison comprend le salon, une pièce où la lumière du jour est idéale pour être active (« active space »), une salle à manger, et une cuisine ouverte en zigzag la salle à manger. Bien que la cuisine soit séparée par un mur intérieur, elle reçoit de la lumière d’en haut à travers une ouverture dans le plafond. Cette conception combine l’idée de grandes fenêtres en hauteur utilisée dans les travaux précédents de l’architecte avec un motif basé sur l’utilisation de planches de bois.
Petite aile
Cette aile, la courte du « L », est destinée à la « quiet space » ou zone de nuit, où sont regroupées les chambres.
Matériaux
La maison Herbert Jacobs est principalement construite en brique et en bois.
La première résidence Jacobs présente trois caractéristiques de construction importantes qui ont été utilisées plus tard dans toutes les maisons usoniennes : des murs de bois, une planification en grille et un chauffage par plancher radiant.
Tant pour les murs extérieurs que pour les murs intérieurs, les lattes de contreplaqué de bois ont un noyau entouré d’une membrane imperméable et sont vissées des deux côtés. Cela élimine le besoin de plâtre ou d’autres types de décoration sur les murs.
Les prémices des maisons usoniennes apparaissent dans le premier projet de la maison Malcolm Willey, où l’on peut voir que la base caractéristique des Prairie Houses disparaît et où des panneaux de bois superposés remplacent les murs de brique, poursuivant le processus de dissolution de la boîte architecturale.