Introduction
Depuis l’annonce de sa reconstruction, le High Line Park de New York est devenu une icône de la ville. Le parc linéaire unique conçu par le cabinet d’architectes Diller Scofidio + Renfro est devenu une référence pour les urbanistes et les concepteurs d’espaces extérieurs du monde entier.
Inévitablement, la réouverture du High Line en tant que parc public a créé un nouveau type de relations entre l’espace public (le parc) et l’espace privé des résidences qui le surplombent. Pour les bâtiments préexistants, il ne reste guère plus qu’à installer de bons rideaux, mais pour les nouvelles constructions adjacentes au parc, cette relation représente un nouveau défi à relever.
À l’intersection du parc et de la 23e rue, on trouve l’un des premiers bâtiments à avoir dû relever ce défi, le High Line 23, un immeuble de 14 étages conçu par le cabinet de Neil Denari.
Les formes singulières de l’immeuble attestent incontestablement des circonstances uniques de son emplacement et des attentes du client.
Emplacement
Le projet est situé dans le quartier de Chelsea, à New York, du côté ouest de l’île de Manhattan, plus précisément à l’intersection de la 23e rue et du High Line Park.
Le terrain a une empreinte au sol de 12×30 mètres.
Concept
Le concept du bâtiment découle de deux considérations de base : la nécessité d’agrandir une empreinte relativement réduite du terrain tout en fournissant aux résidences l’intimité nécessaire sans les transformer en « bunkers » dans le processus.
La solution au problème de la superficie au sol est sans aucun doute devenue la caractéristique distinctive du projet. Le bâtiment commence étroitement à sa base pour ensuite s’élargir grâce à des porte-à-faux sur la 23e rue et le High Line. Cette décision conceptuellement simple a transformé la structure d’un bâtiment de hauteur moyenne en un défi pour les ingénieurs, et les murs-rideaux et systèmes de stores ont dû être adaptés pour suivre une forte inclinaison sur de nombreuses sections.
Pour résoudre le problème de l’intimité, le bâtiment présente trois façades très distinctes (la quatrième correspondant à la paroi mitoyenne avec le bâtiment voisin). Une façade « arrière » en verre offre des vues vers le nord, tandis que la façade principale en verre donne sur la 23e rue et le sud. Elle offre un sentiment de se « plier » en plusieurs endroits pour accommoder les porte-à-faux des étages supérieurs, la transformant en une sculpture qui accompagne généralement les espaces de jour et de loisirs des résidences. Enfin, la façade est sur la High Line bénéficie d’un traitement complètement différent et beaucoup plus opaque. Revêtue de métal, la façade comporte des ouvertures de petite taille pour garantir l’intimité des résidences.
Avec son fini métallique frappant et ses courbes audacieuses, la façade est s’est avérée être une solution très satisfaisante au problème de l’intimité sans pour autant devenir un mur aveugle pour le High Line, d’où elle est perçue comme une sculpture qui souligne le caractère moderne et urbain du parc.
Certification LEED
Le bâtiment a également obtenu la certification LEED Gold en matière de durabilité.
Pour y parvenir, les efforts écologiques du projet ont débuté dès le processus de construction. Une partie de la structure a été réalisée en matériaux recyclés, et jusqu’à 75 % des déchets de la construction ont été réutilisés pour éviter qu’ils ne se retrouvent dans les décharges.
Tous les étages bénéficient d’une ventilation naturelle, peuvent être éclairés naturellement la majeure partie de la journée, sont équipés d’appareils électroménagers de pointe et à haut rendement, etc. Le toit, recouvert d’un matériau hautement réfléchissant, contribue également à maintenir une température intérieure constante en été comme en hiver, réduisant au minimum le recours à la climatisation artificielle.
Espaces et Matériaux
Le bâtiment comprend un espace commercial pour les galeries au rez-de-chaussée et 11 appartements à partir de là, un par étage à l’exception du penthouse qui est en duplex. Les appartements varient de 170 à 335 mètres carrés pour le penthouse, mis en vente à 10,5 millions de dollars.
Le cabinet d’architectes d’intérieur Juul-Hansen a été chargé de décorer et d’aménager les espaces intérieurs du bâtiment, en portant une attention méticuleuse aux moindres détails, tant du point de vue pratique que conceptuel.
Les espaces ont été maintenus aussi ouverts que possible, en référence aux espaces ouverts des galeries d’art qui abondent dans la région, tout en pensant que les propriétaires pourraient transformer leurs résidences en sortes de galeries privées, exposant certaines de leurs sculptures comme éléments de décoration. Les sols ont été finis avec de larges planches de chêne teint en blanc et à finition mate.
L’éclairage a également été soigneusement conçu pour fournir les niveaux d’éclairage nécessaires dans chaque espace tout en évitant délibérément tout reflet sur les façades de verre, en particulier les inclinées. Comme l’a dit Lawson lui-même, « personne ne veut voir son reflet dans une fenêtre lorsqu’il essaie de contempler une vue de 5 millions de dollars ».
En plus de ces considérations qui se retrouvent dans toutes les unités, l’appartement témoin est pratiquement devenu un showroom de meubles design. On y trouve des lampes conçues par Philip Johnson, des canapés de Vladimir Kagan ou des tables de George Nakashima, entre autres.
Structure
La structure d’un bâtiment de 14 étages n’est généralement pas un sujet d’actualité, et encore moins à New York. Cependant, celle du High Line 23 l’est.
Le désir de conserver la structure apparente pour éviter de créer des murs inutiles ou de gaspiller de l’espace, associé à la géométrie particulière d’une structure qui agit à l’inverse de la normale (étroite à la base et s’élargit à mesure qu’elle s’élève) pour créer les porte-à-faux des étages supérieurs, fait que les poutres d’acier visibles à travers les façades sont devenues l’une des caractéristiques emblématiques de la High Line 23.
